« Faire barrage à tous les projets » : les opposants normands aux éoliennes réunis dans le Calvados
Les éoliennes, qu’elles estiment dangereuses pour la santé, laides et coûteuses, elles n’en veulent pas. Samedi 15 mars, à Vienne-en-Bessin, près de Bayeux, les associations réunies au sein de la fédération Belle Normandie Environnement ont fait le point sur les projets en cours et auxquels elles s’opposent
Propos recueillis par Jean-Philippe GAUTIER.
Publié le 15/03/2025 à 17h54.
Les opposants aux éoliennes regroupés au sein de la Fédération Belle Normandie environnement, se sont réunis à Vienne-en-Bessin samedi 15 mars. | OUEST-FRANCE
Hervé Texier, président de la fédération Belle Normandie Environnement, collectif d’associations anti-éoliennes, explique la mobilisation de ces militants opposés à cette forme d’énergie renouvelable.
Entretien à l’occasion de l’assemblée générale de la fédération, qui s’est déroulée ce samedi 15 mars 2025, à Vienne-en-Bessin (Calvados).
Hervé Texier, pourquoi êtes-vous réunis à Vienne-en-Bessin ce samedi 15 mars ?
Notre fédération, qui couvre les cinq départements de Normandie et regroupe 65 associations, s’est réunie à Vienne-en-Bessin à l’occasion de son assemblée générale annuelle.
Après l’adoption des rapports moral et financier, nous avons fait le tour des projets éoliens qui concernent notre territoire. Puis nous avons échangé par visioconférence avec notre avocat, Francis Monamy, du barreau de Paris, afin de faire le point sur les dossiers en cours d’instruction.
Quel est l’objectif de votre fédération ?
Faire barrage à tous les projets éoliens de Normandie, à terre ou en mer. Dans un pays qui a décarbonisé 95 % de son énergie avec le nucléaire et le gaz, nous estimons que le développement de l’éolien n’a aucun intérêt.
Bien au contraire, c’est une source importante de nuisances.
De quelles nuisances parlez-vous ?
Les éoliennes ont un impact négatif sur l’environnement. Elles détruisent le paysage et nuisent au patrimoine des communes dans lesquelles elles sont implantées. Elles sont également à l’origine de problèmes de santé chez les riverains, en raison du bruit, mais aussi de l’anxiété qu’elles provoquent chez certains.
Avoir une éolienne de 200 m de haut à 500 m de chez soi, ce n’est pas anodin. Au final, l’énergie éolienne ne sert qu’à enrichir les entreprises étrangères qui en assurent la gestion.
Quels sont les moyens dont vous disposez pour contrer ces projets ?
Nous intervenons auprès des mairies, de la population, nous menons des campagnes de communication, nous distribuons des tracts.
Qui peut décider de stopper un projet éolien ?
Il y a quelques années, le maire pouvait s’y opposer, mais ce n’est plus possible, il n’a désormais qu’un avis consultatif. C’est le préfet qui décide. Mais quel que soit son avis, il y aura un recours soit des exploitants, soit des opposants.
C’est donc la cour administrative d’appel qui tranche. Elle est à Nantes pour l’ex Basse-Normandie et à Douai pour la Seine-Maritime et l’Eure. Nous contestons actuellement plus d’une centaine de projets sur l’ensemble de la Normandie.
Une vingtaine d'associations manifestent ce samedi 15 mars en Charente contre l’installation de nouvelles éoliennes.
Une prolifération jugée inégale puisqu'en Nouvelle-Aquitaine, 90% des éoliennes sont concentrées dans le nord de la région.
Le JT de TF1 s'est rendu sur place pour comprendre la colère des habitants.
On compte 130 éoliennes autour de la ville de Ruffec, en Charente. Xavier Mathieu a beau être militant écologiste, il est surtout écœuré par la pollution visuelle de ces machines de plus en plus imposantes, comme il l'explique dans le reportage du 20H ci-dessus. Et ce n'est pas fini, car une trentaine d'autres sont en attente de construction dans le département, sans compter des dizaines de projets déposés. Certains impliquent des éoliennes qui culminent à plus de 220 mètres de hauteur. "On aura des tours Montparnasse tout autour de chez nous, en récoltant les inconvénients liés au fonctionnement de ces éoliennes, liés au fonctionnement acoustique, visuel", dénonce Xavier au micro de TF1. Ce qui choque le plus les associations, c'est l'extrême disparité à l'intérieur même de la région : 90% des éoliennes sont concentrées dans le nord. La preuve avec la carte ci-dessous, éditée par le gouvernement.
TF1 Vous constatez qu'il n'y a aucun projet éolien dans le sud de la région. Ils ont tous été refusés. Tous les projets sont centrés dans l'ex-région Poitou-Charente, principalement.
Laurent Leleu, militant pour l'association "Stop éolien Charente"
" Et on est en train de programmer, à l'horizon 20 ans, la désertification et la paupérisation de nos territoires. Qui viendra passer des vacances, se ressourcer au pied d'une forêt d'éoliennes ? Personne. Qui va acheter ou construire une maison à 500 mètres d'une éolienne ? Personne", martèle Laurent Leleu, militant pour l'association "Stop éolien Charente".
La région admet elle-même que pendant plusieurs années, c'était le Far-West et que les entreprises installant les éoliennes faisaient "ce qu'elles voulaient". Depuis, la contestation s'organise, y compris devant les tribunaux. Ainsi, autour d'un hameau, les habitants ont compté trente éoliennes dans leur paysage visuel. Et attention aux oreilles sensibles, comme l'explique Michel : "C'est le bruit d'une lessiveuse, à tel point qu'on a un de nos voisins, un jeune qui s'était installé, qui faisait des fruits rouges en bio, il n'a pas pu tenir, il est parti", raconte-t-il.
Aucun emploi local, mais une manne financière
Ces éoliennes tournent à plein régime seulement un jour sur quatre. Les militants associatifs ont donc voulu savoir si c'était rentable. Pour cela, ils ont épluché les comptes d'une entreprise gérant six éoliennes dans le secteur. "J'ai eu la curiosité d'aller voir ce que rapportait ce parc. On arrive à un bénéfice net d'1,4 million. Ça fait une marge nette de 34%, c'est-à-dire tout à fait comparable à ce que sort l'industrie du luxe quand elle marche bien. C'est pour ça que j'appelle ça 'le luxe inouï du vent'", souligne Laurent Leleu. Autre surprise, en un an, aucun salaire n'a été versé, même pour la gestion du parc. "Zéro employé, donc merci l'emploi local", ironise le militant.
Problème supplémentaire, cette forte concentration d'éoliennes s'effectue dans des endroits parfois classés comme dans le Marais Poitevin. Cram-Chaban, un village de 600 habitants, attend par exemple six éoliennes, au bout d'une bataille juridique de dix ans. Le maire, Laurent Renaud, veut absolument que le projet aboutisse pour des raisons financières. L'entreprise qui gère les éoliennes promet en effet 80.000 euros de compensation tous les ans. "On n'a pas beaucoup d'opportunités. Je suis au nord du département, ici pour trouver des solutions financières, c'est compliqué. Je n'ai même plus d'épicerie, de café, je n'ai plus rien. Le village se meurt", atteste-t-il.
Il est hors de question de défigurer le bassin d'Arcachon.
Jacques Storelli, avocat du Collectif d'associations environnementales Ceba
Dans le sud de la région, on n'a pas les mêmes problèmes, notamment à Saint-Émilion (Gironde) et ses prestigieux domaines viticoles. Ici, il n'y a aucune éolienne à l'horizon, on a plutôt choisi l'option des panneaux photovoltaïques. Du côté de la dune du Pilat, pas d'éoliennes non plus, officiellement parce qu'il y a un peu moins de vent qu'au nord. Le bassin d'Arcachon est donc préservé.
Et une vingtaine d'associations veillent scrupuleusement à ce que ça ne change jamais. À la tête de son collectif, Jacques Storelli, avocat, connaît tous les textes de loi. "Il est hors de question de défigurer ici. C'est un site Natura 2000, on est dans un site classé très important (...) Même s'il fallait choisir d'avoir plus d'électricité pour plus de confort, ça ne serait pas raisonnable du tout. Donc, on se battrait, nous les associations, jusqu'au bout", affirme-t-il.
Loin des côtes, pas de projet d'installation non plus en mer pour une raison très simple : une base aérienne se trouve à proximité d'Arcachon. "Il est certain que les éoliennes sont incompatibles avec cet exercice-là qui consiste à voler très rapidement le jour ou la nuit, à de très basses altitudes", explique Jacques Storelli.
Dans les faits, en matière d'éoliennes, il y a bien une France à deux vitesses, avec de grandes disparités d'une région à l'autre. Les deux régions qui fournissent le plus d'électricité éolienne, ce sont les Hauts-de-France et le Grand-Est, avec la moitié de la production totale du pays.
Les élus, les associations, les riverains manifestent à Ruffec : tous unis contre le trop-plein d’éoliennes
Les anti-éoliens sont venus de trois départements pour dénoncer la multiplication des hélices dans le paysage.
Par Jean-François BARRÉ - jf.barre@charentelibre.fr, publié le , modifié .
Une manifestation d’anti-éoliens a réuni plus de trois cents personnes ce samedi à Ruffec. Ils dénoncent la démesure alors que de nouveaux projets doivent voir le jour et que les plans de l’État prévoient le triplement des éoliennes hautes comme des tours Montparnasse.
C’est sans doute un coup du sort. Ils se sont réunis sur la place de la mairie de Ruffec et un vent de nord-est glacial a commencé à secouer les pancartes. « L’éolien pompe à fric », « L’arnaque éolien », « L’éolien est une imposture ». En quelques cartons, brandis ce samedi matin, ils ont annoncé la couleur, répété leur opposition aux éoliennes qui poussent de plus en plus et de plus en plus haut dans la campagne nord charentaise, mais aussi en sud Deux-Sèvres et Vienne, jusqu’à pousser...
Informations supplementaires en provenance de : La revue de presse de STOP EOLIEN 16
Philippe GUINARD Président d'honneur Vent de Raison.
Pour la sauvegarde du Bocage des Communes de Coulonges-les-Herolles et Thollet
Ruffec (Charente)
- LES ÉLUS , LES ASSOCIATIONS,
LES RIVERAINS MANIFESTENT À
RUFFEC : TOUS UNIS CONTRE LE
TROP-PLEIN D’ÉOLIENNES (Charente Libre)
- Poitou : les anti-éoliens se rassemblent à Ruffec (La Nouvelle République)
- Votalia (Les Echos)
- Solaire, éolien : en pertes, Voltalia
s'interroge sur sa stratégie
Le groupe français, contrôlé à 71,3 % par la famille Mulliez (Auchan…), a pâti l'an dernier de problèmes d'écoulement de sa production d'électricité au Brésil, son premier marché. De quoi raboter son Ebitda (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement) de 40 millions d'euros, effet de change inclus. Il a aussi souffert de la perte de valeur de son stock de panneaux solaires lié à son activité de grossiste.