Monsieur le Premier Ministre,
La PPE3, c’est le doublement des factures d’électricité et la trahison de la souveraineté française. En août, le gouvernement pourrait sacrifier, par un décret discret, notre avenir énergétique.
Depuis l’an 2000, vingt ministres éphémères se sont succédés à la tête de la politique énergétique française, avec une ligne aussi incohérente que dangereuse : étouffer le nucléaire, saboter sa relance, et, en parallèle, ouvrir un boulevard aux énergies renouvelables intermittentes — éolien et solaire — sans vision d’ensemble.
Sous couvert de « transition écologique », ou sous des intitulés variables comme « Écologie, Énergie, Mer », « Transition écologique et solidaire » ou « Transition écologique », treize ministères (contre trois en Allemagne) ont méthodiquement :
- Gelé les investissements dans le nucléaire pendant plus de vingt ans ;
- Fermé des réacteurs rentables, comme celui de Fessenheim ;
- Paralysé la recherche publique ;
- Réorienté massivement les financements vers des filières importées, contrôlées par des intérêts étrangers : éoliennes et panneaux solaires chinois, installés par des opérateurs privés.
Le projet PPE3 actuel poursuit cette dérive avec un déploiement sans précédent :
20 000 éoliennes, plus de 30 parcs offshores, un solaire multiplié par cinq, pour une facture estimée à 300 milliards d’euros. Sans garantie de production stable, ni efficacité démontrée sur le climat.
Alors que le président d’EDF, Bernard Fontana, le 26 juillet dans le Figaro annonçait enfin un retour au nucléaire et à l’hydroélectricité, il déclarait dès le lendemain sur RTL — aux côtés du PDG de Total — s’opposer aux lenteurs administratives freinant les investissements dans les renouvelables. Cette contradiction illustre le piège.
La relance du nucléaire prendra dix à quinze ans. Or, la PPE3 prévoit d’abord un développement massif des énergies renouvelables. Une fois les capacités du réseau et les financements absorbés par l’éolien et le solaire, il ne restera ni place ni budget pour le nucléaire. Cette chronologie verrouille l’avenir énergétique de la France dans une impasse.
La PPE3, c’est la décennie du chaos annoncée : dépendance accrue aux importations, instabilité du réseau, doublement des prix de l'électricité comme l'a parfaitement démontré André Merlin ancien patron de RTE (1), privatisation du secteur stratégique national au profit de fonds spéculatifs, et mise sous tutelle technologique par la Chine, principal fournisseur de composants éoliens et photovoltaïques.
Cette stratégie pourrait également servir de prélude à un nouveau projet Hercule, visant à démanteler EDF : une scission en deux entités, EDF Bleu (nucléaire) et EDF Vert (renouvelables), avec ouverture du capital. Une question cruciale demeure : l’hydroélectricité française sera-t-elle, elle aussi, livrée au marché ? La commercialisation des barrages nationaux constituerait une perte majeure d’un patrimoine stratégique et souverain. »
La France n’a pas besoin d’un modèle énergétique dicté par des lobbies ou des intérêts étrangers. Si elle cède, elle perdra son indépendance énergétique, actera son déclin — et, in fine, sa souveraineté nationale.
20 Ministres chargés de l’énergie se sont succédé depuis 2000
Ministre | Période | Président | |
Dominique Voynet | 1997-07/2001 | Jacques Chirac |
Yves Cochet | 07/2001 - 05/2002 | Jacques Chirac |
Roselyne Bachelot | 06/2002 - 03/2004 | Jacques Chirac |
Serge Lepeltier | 03/2004 - 06/2005 | Jacques Chirac |
Nelly Olin | 06/2005 - 05/2007 | Jacques Chirac |
Alain Juppé | 05/2007 - 06/2007 | Nicolas Sarkozy |
Jean-Louis Borloo | 06/2007 - 11/2010 | Nicolas Sarkozy |
Nathalie Kosciusko-Morizet | 11/2010 - 05/2012 | Nicolas Sarkozy |
Éric Besson | 11/2010 - 05/2012 | Nicolas Sarkozy |
Nicole Bricq | 05/2012 - 06/2012 | François Hollande |
Delphine Batho | 06/2012 - 07/2013 | François Hollande |
Philippe Martin | 07/2013 - 04/2014 | François Hollande |
Ségolène Royal | 04/2014 - 05/2017 | François Hollande |
Nicolas Hulot | 05/2017 - 08/2018 | Emmanuel Macron |
François de Rugy | 09/2018 - 07/2019 | Emmanuel Macron |
Élisabeth Borne | 07/2019 - 07/2020 | Emmanuel Macron |
Barbara Pompili | 07/2020 - 07/2022 | Emmanuel Macron |
Christophe Béchu | 07/2022 - 09/2024 | Emmanuel Macron |
Agnès Pannier-Runacher | 09/2024 - 12/2024 | Emmanuel Macron |
Marc Ferracci | 12/2024 - en cours | Emmanuel Macron |
Les noms des ministère concernés par l’énergie ont changé 13 fois depuis 2000
Aménagement du Territoire et de l’Environnement ;
Écologie et Développement durable ;
Écologie, Développement durable, Aménagement ;
Écologie, Énergie, Développement durable, Mer ;
Écologie, Développement durable, Transports, Logement
Industrie, Énergie, Économie numérique ;
Écologie, Développement durable, Énergie ;
Écologie, Énergie, Mer ; Transition écologique et solidaire ;
Transition écologique ;
Transition écologique et Cohésion des territoires ;
Transition écologique, Énergie, Climat, Risques ;
Industrie et Énergie
Durant la même période, en Allemagne il n'a eu que 3 changements de nom du ministère chargé de l’Énergie et 2 fois moins de Ministres en ayant eu la responsabilité :
jusqu’en 2013 : Économie
2013 à 2021 : “Affaires économiques et Énergie"
depuis 2021 : “Affaires économiques et Action climatique”
1) https://environnementdurable.org/documents/VA-Comment la PPE3 va doubler notre facture d.pdf
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Premier Ministre, l'expression de ma haute considération
Jean-Louis Butré
Président de la Fédération Environnement Durable